Publié le 20 Juillet 2012

Avec ses diatribes contre les actionnaires de Peugeot, le ministre du "Redressement Productif" témoigne d'une violence commune à celle des candidats Mélenchon et Arthaud (voire le "sympathique" Poutou ?) au cours des dernières campagnes.

 

patron.jpgDevant une telle agressivité de la part d'un notable politique - un ministre ex-député dans un cas, un sénateur de l'autre -, on peut se demander quel phénomène psychologique les mène à susciter, potentiellement, une violence qui pourrait dépasser la simple expression politique pour entrer dans le champ physique (en illustration, un logo vu sur le tee shirt d'un "père de famille" dans le TGV...).

 

Si Montebourg est avocat, Mélenchon fut journaliste. Chacun a donc eu l'occasion de savoir que l'argent ne tombe pas du ciel. Dans un pays où la plupart des élus sont issus de la fonction publique - qui ne vit que de l'impôt prélevé, et non d'une création de richesse immédiate -, cela surprend d'autant.

Plusieurs pistes s'ouvrent donc à notre réflexion, au-delà de la simple gesticulation qui dépasserait les convictions profondes - car en cette période de tensions économiques et politiques extrèmes, on ne saurait envisager une telle irresponsabilité ni de l'un ni de l'autre.

Répression psychologique ?

La première piste est celle de la "répression" (ou "suppression") psychologique. Notre pays est formidablement endetté. Cette dette n'est pas seulement virtuelle, aux mains de banquiers apatrides et cupides dont il suffirait "d'annuler" la créance, comme le demandent certains. Elle est, chaque jour, creusée par notre déficit commercial. Pour répondre aux "besoins" (ou envies) de consommation de produits high tech, de textiles, de machines mais aussi d'énergie notamment, nous achetons à l'extérieur. Malheureusement, nos exportations de produits et de services ne suffisent pas à compenser ces achats. Nous avons, apparemment, plus besoin des produits des autres qu'eux ont besoin des nôtres...

Et pour maintenir le train de vie de l'Etat, pour payer des prestations sociales, puisque nous ne générons pas de bénéfices, nous empruntons à ceux qui, eux, exportent plus qu'ils n'importent. Non seulement nous sommes en déficit au quotidien, mais en plus nous endettons les générations à venir.

Ce que nous connaissons est un retournement historique de situation. La France, et le monde occidental avec elle, ne domine plus. Mais elle en garde la posture... Il est vrai que le constat est rude à accepter, car il s'agit bien d'accepter que la "croissance" continue n'est pas réelle, et qu'il s'agit désormais d'ajuster nos dépenses à la production de nos richesses. Quitte à s'endetter un peu pour investir pour l'avenir, mais dans une mesure acceptable...

La violence exprimée par Arnaud de Montebourg peut donc témoigner du combat psychologique qui l'habite - car il est intelligent -, et de son refus inconscient de ce constat du réel. C'est de la "répression".

Ou répression politique ?

L'autre piste est différente, et il nous faut absolument l'écarter car c'est la voie albanaise, ou nord-coréenne, par exemple. En bref, la voie de tous les totalitarismes du XXe siècle et de celui-ci qui, plutôt que de chercher en eux-mêmes les ressources pour prendre acte des difficultés et trouver des solutions, préfèrent chercher des coupables, des ennemis - de race ou de classe. Et envisagent de se lancer dans des guerres de conquêtes territoriales, car les matières premières sont bien les ressources les plus facilement "captables" (les services, eux, ne se produisent que librement). Et cette piste commence par la répression à l'interne : des voix dissonantes, des pensées non conformes, des avis divergents.

La politique fiscale à vocation rétroactive n'a pas été écartée spontanément, elle a même été tentée alors qu'il s'agit manifestement d'un abus de droit, au moins dans l'esprit des lois que "nul n'est censé ignorer" - encore faut-il qu'elle soient promulguées.

Souhaitons donc que cette répression là ne soit qu'une vue de l'esprit, car les véritables changements - ceux qui reposent sur l'appropriation de la transformation, ou de la rupture -  ne peuvent être vraiment accomplis que grâce à des dynamiques qui excluent toute violence.

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Rédigé par Kaqi

Publié dans #Social change

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